06 Nov

Pourquoi les Français boudent le PEL

Décidément, rien ne va plus pour le PEL ! Le Plan épargne logement enregistre une nouvelle décollecte en septembre 2018, selon les statistiques dévoilées par la Banque de France. Une situation inédite depuis 2012. La fin d’une icône ?

Pendant longtemps, le PEL, le Plan d’épargne logement, a été le placement chouchou des Français. Souvenez-vous entre 2014 et 2016, la collecte dépassait le milliard d'euros par an. Mais depuis un an, rien ne va plus. La collecte chute. En septembre 2018, elle est même passée dans le rouge, à -39 millions d’euros. Les encours stagnent à 270 milliards d’euros depuis le début de l’année, après avoir franchi la barre des 250 milliards en juin 2016, et celle des 260 milliards en janvier 2017. Le nombre total de plans d’épargne logement se stabilise à 15,4 millions d’unités fin 2017 d’après l’Observatoire de l’épargne réglementée de la Banque de France (juin 2018).

Pourquoi un tel désamour ?

Le plan d’épargne logement (PEL) a été conçu pour financer un projet immobilier. Sous réserve d’un premier versement de 225 €, le PEL permet de cumuler jusqu’à 61 200 € (hors intérêts capitalisés), bloqués pendant 4 ans. Il doit être alimenté régulièrement selon la périodicité choisie, mais peut également faire l’objet de versements exceptionnels. Le succès du PEL s’est longtemps expliqué par le prêt épargne logement, un prêt à taux avantageux, ainsi que la prime de l’Etat qu’il était possible d’obtenir pour acheter sa résidence principale. Qui plus est, les intérêts des PEL ouverts avant 2018 étaient exonérés d’impôts sur le revenu.
Mais depuis le 1er janvier 2018, les intérêts générés par les PEL sont désormais entièrement soumis à l’impôt sur le revenu (la « flat tax ») dès la première année de détention. Pis, le prêt proposé à 2,20 % n’est pas compétitif par rapport aux offres bancaires et surtout, il ne permet plus de bénéficier d’une prime d’Etat. Alors que les conditions d’ouverture, de versement et de déblocage demeurent identiques, les intérêts évoluent quant à eux régulièrement.

Une rémunération en chute libre

Depuis le 1er août 2016, ils sont de 1 %. Des changements qui ont conduit à une diminution drastique du nombre de PEL ouverts. Les ménages favorisant les prêts classiques pour leurs financements, mais également le livret A et l’assurance-vie pour leurs placements.
En revanche, les PEL ouverts entre 2003 et 2015 bénéficient de taux d’intérêt de l’ordre de 2,5 % et restent donc particulièrement attractifs. À conserver donc.
Entre février 2015 et janvier 2016 la rémunération a chuté à 2 % puis à 1,5 % entre février 2016 et juillet 2016 avant d’atteindre son niveau actuel.

Une durée de vie limitée

La durée de vie d’un PEL est de 10 ans, délai au-delà duquel il peut continuer à produire des intérêts pendant 5 ans. Au terme de ces 15 ans, l’épargnant peut donc débloquer les fonds. Le retrait des fonds au cours de cette période permet de bénéficier des droits à prêts pendant un an à compter de la date de retrait et dans la limite des 5 ans après l'échéance. Mais attention, ce n’est valable que pour les PEL ouverts avant 2011. Car depuis le 1er mars 2011, ils sont automatiquement transformés par la banque en livret d’épargne classique après 15 ans.

Un outil pour bloquer les clients

Ajoutez à cela des difficultés croissantes pour transférer les PEL d’une banque à une autre. Seule façon de conserver l’antériorité fiscale.
Selon une étude menée par CBanque, « les banques ont augmenté de 8 % les frais de transfert du PEL entre 2017 et 2018. Résultat, les frais de transfert d’un produit d’épargne logement (PEL ou CEL) reviennent en moyenne à 93 euros. La facture pouvant grimper à 150 euros dans certaines enseignes. » Les particuliers n'ont souvent d'autre choix que de garder leur épargne logement dans leur ancien établissement ce qui engendre de nouveaux frais bancaires.