10 Nov

Les marchés entrent dans une nouvelle séquence

Ceci signifie que la situation économique mondiale est en voie de stabilisation, les risques se dissipant progressivement. Même la Chine, qui a été la cause de la déstabilisation des marchés en août revient à une certaine normalité. Nous devrions assister à un soft landing de cette économie avec un taux de croissance potentiel de l’ordre de +6,5% de son PIB pour les trois prochaines années. Les chiffres du commerce extérieur publiés ce dimanche pour octobre confirment encore un ralentissement avec la poursuite des baisses des exportations (-6,9%) et une diminution des importations encore plus forte (-18,8%) qui permet à l’excédent commercial d’augmenter fortement ce qui pourrait avoir pour effet la remontée du Yuan.
Sur la semaine dernière, les indices européens ont poursuivi leurs progressions mais de façon plus modestes : +1,46% pour l’eurostoxx50, +1,77% pour le CAC40 alors que le DAX progresse de +1,27%. Les marchés américains ont été aussi haussiers puisque le Dow Jones affiche +1,40%, et le Nasdaq +1,85%. Le Nikkei a suivi le mouvement avec un gain de +1,74%.

 En route pour la divergence des politiques monétaires !
Les chiffres de l’emploi US ont été nettement plus élevés que prévus. Les créations nettes d’emplois se sont élevées à 271000, avec toutefois une révision en baisse du chiffre de septembre. Le taux de chômage est ainsi tombé à 5%, son plus bas niveau depuis 2008. Le taux de chômage U6 (qui inclut les travailleurs subissant le temps partiel et les travailleurs découragés) a aussi reculé pour atteindre 9,8% (contre 10% en septembre). Le taux de participation est resté stable à 62,4%. En toute logique, les salaires ont augmenté de 0,4 % d’un mois sur l’autre amenant cette progression à +2,5% en glissement annuel, plus forte hausse depuis 2008. Ceci est une bonne nouvelle pour les données de l’inflation qui devrait ainsi sortir progressivement de leur bas niveau, ce qui est toujours un objectif de la FED. Ces chiffres ont conduit à une augmentation des taux US et à une forte baisse de l’euro. Ce dernier a plongé ce vendredi de 1,0881 à 1,0707$, au plus bas depuis 6 mois. Les contrats Fed funds pricent maintenant avec une probabilité de 85 % une hausse des taux de la Fed le 16 décembre, après de nouveaux chiffres de l’emploi le 4 décembre. Il n’y a plus beaucoup d’obstacles à une hausse des taux US : la volatilité des marchés actions (VIX) est revenue aux alentours de 15 %, la situation en Chine se stabilise, l’inflation sous-jacente est proche de l’« objectif » de 2 %, et les effets négatifs liés à la baisse des matières premières devraient s’estomper. Finalement, le seul facteur négatif de la hausse des taux pour l’économie américaine est la remontée du dollar. Les publications des entreprises américaines pour le troisième trimestre ont déjà été négativement impactées par ces effets de change. Nous ne pensons pas que ce facteur soit de nature à contrarier la hausse des taux. En revanche, cela risque de peser sur la valorisation des entreprises américaines au moment où les indices américains sont toujours proches de leur plus haut niveau.

Quelle incidence pour les marchés de la hausse des taux ?
Cette question reste délicate. Logiquement, l'impact d'une hausse des taux est plutôt négatif pour les marchés. Néanmoins, ceci devrait rassurrer les marchés quant à la solidité de la croissance. Toutefois, on devra s'attendre à des déplacements de liquidités entre les places financières. Ressèrement monétaire d'un côté de l'Atlantique et relance de l'autre ne font pas bon ménage. Cette divergence pourrait donc déclencher à nouveau des mouvements de panique du côté des émergents comme en mai 2013 lorsque la Fed avait annoncé l'arrêt de ses achats de dettes. Les monnaies brésiliennes, indiennes et aussi d'Afrique du Sud avaient fortement chuté du fait du rapatriement de capitaux vers les Etats-Unis. En conséquence, il est logique de rester à l'écart des pays émergents, de limiter aussi les investissements sur les Etats-Unis puisque les marchés US devraient baisser, bien que l'investisseur européen sera aidé par la progression du dollar. Au final, l'Europe doit rester la place d'investissement à privilégier au cours des prochains mois. Nous devrions aussi assister à une hausse des taux souverains de la zone euro.

Quelques résultats d'entreprises : vers une rotation sectorielle ?
On notera ce vendredi une bonne résistance d'ArcelorMittal (+0,3%) en dépit de la publication d'une première perte trimestrielle en sept trimestres, preuve que ce type de valeurs a probablement touché le fond et devrait rebondir. Darty (+8,5%) profite logiquement de l'amélioration des termes (et de la composante cash) de l'échange proposé par Groupe Fnac (+0,3%). Sanofi a abandonné 6,8% suite à la publication de son nouveau plan stratégique. Les chiffres décevants du groupe suisse de luxe Richemont (-5,6%) ont aussi entraîné LVMH (-2,7%) à la baisse, Kering résistant mieux. Ces mouvements doivent nous inciter à revoir très progressivement nos allocations sectorielles. Nous avons ainsi le sentiment que les valeurs défensives subissent quelques prises de profit, justifiées ou non, au profit de valeurs délaissées qui devraient profiter de la stabilisation de l'environnement macro-économique.

Lettre hebdomadaire 360Hixance am n° 164, lundi 9 novembre 2015

Par Jean-Noël Vieille

(source OPCVM360)