22 Déc

Facteurs d'influence du marché et opportunités pour 2016

Tout d’abord, nous allons certainement entrer dans une période de transition pour la Réserve fédérale des ÉtatsUnis, qui semble faire évoluer sa politique en passant de la théorie à la pratique. Jusqu’à maintenant, le processus de « normalisation de la politique » – en augmentant les taux à court terme et en réduisant son bilan – est resté théorique. Les marchés se sont surtout intéressés à la question de savoir quand la Fed augmentera les taux. Mais, avec la baisse du chômage et la pression sur les salaires aux États-Unis, une hausse des taux semble plus qu’imminente.
Je pense donc que 2016 sera dominée par des discussions sur le niveau d’augmentation des taux par la Fed. Les répercussions de la première augmentation de taux, il y a environ neuf ans, alimenteront les commentaires des marchés. Une politique moins accommodante pourrait constituer un léger frein, mais nous ne croyons pas que cela puisse nuire aux rendements à long terme. Néanmoins, cela constituera une source de volatilité accrue sur le marché des actifs à risque.

Augmentation de la volatilité
 
Deuxièmement, nous pensons que les investisseurs seraient bien avisés de maintenir des attentes modestes, en termes de rendement, pour l’ensemble de leur portefeuille. Selon nous, les rendements des actions devraient être positifs, à défaut d’être spectaculaires. Une croissance limitée des résultats, des marges déjà très élevées et des titres déjà pleinement valorisés sont autant de facteurs qui devraient limiter les rendements entre 5 % et 9 %. Le marché obligataire est également en demi-teinte. Avec des rendements initiaux faibles et une perspective d’augmentation progressive des taux d’intérêt, les obligations de qualité élevée auront des difficultés à générer des rendements positifs. Les secteurs les plus risqués sur le marché obligataire, comme les titres de crédit de catégorie « investment grade » et les obligations à haut rendement, renferment un potentiel d’appréciation supérieur. Néanmoins, nous anticipons une augmentation de la volatilité, car les sociétés devront s’adapter à l’augmentation du coût du capital. Les stratégies axées sur des investissements alternatifs devraient enregistrer une bonne performance, en termes d’ajustement au risque, car la dispersion des actifs et l’équilibre traditionnel entre actions et obligations vont être confrontés aux vents contraires que constituent la hausse des taux d’intérêt et un taux de croissance mondiale faible.
 
Reprise sur les marchés émergents (ME)
 
Enfin, 2016 pourrait marquer l’année de la reprise sur les marchés émergents. Le ralentissement de la Chine, qui représente le catalyseur principal des perturbations des ME, semble se stabiliser. Les inquiétudes relatives à une « crise du dollar » imminente sont exagérées et il se peut que la liquidation de titres de matières premières intègre déjà ce phénomène. Après avoir sous-performé les marchés développés pendant la majeure partie des trois dernières années, les valorisations sur les marchés émergents semblent à nouveau intéressantes. Les nuages qui planent sur les ME devront toutefois se lever pour que les actions et les obligations des ME retrouvent leur lustre d’antan, probablement plus tard en 2016.
 
 Le scénario le plus probable pour l’économie mondiale en 2016 est un taux de croissance faible, porté par les pays développés, avec la poursuite d’ajustements marqués en Chine et dans les pays émergents. Néanmoins, le taux de croissance restera bas par rapport à ce qui a été enregistré par le passé.
 
La reprise économique dans la zone euro ne dépassera probablement pas 2 % ou 2,5 %, en taux de croissance, ce qui n’est pas suffisant pour changer fondamentalement la situation globale. Aux États-Unis, l’économie devrait suivre une trajectoire similaire à celle de 2014 et de 2015, avec un taux de croissance autour de 2,5 %. Je ne pense pas que la Fed sera très motivée pour augmenter ses taux d’intérêt. Sa priorité sera de continuer à soutenir l’économie pour encourager la croissance. Les ajustements à la baisse se poursuivront très probablement en Chine. Le taux de croissance devrait être inférieur, mais en ligne avec le taux de croissance moyen de 6,5 % du scénario du Président Xi Jinping, pour les cinq prochaines années. Dans ce contexte, le prix du pétrole devrait rester bas et ne pas alimenter un mouvement inflationniste.

Risques en Chine
 
La Chine se trouve dans une période de transition : elle passe d’une économie portée par les investissements et les exportations à une économie tirée par la consommation. Il existe donc un risque de rupture significative. C’est ce que nous avons constaté au début des années 1990 au Japon et à la fin de la même décennie en Corée du Sud. La Chine sera-t-elle touchée par une crise en 2016 ? C’est une bonne question.
 
Il se peut que cette phase de transition en Chine soit chaotique. Cependant, elle est nécessaire, car elle permet un changement définitif dans l’équilibre des forces économiques, au profit des services et au détriment du secteur industriel. L’offre excédentaire de biens immobiliers dans certaines régions constitue un autre risque pour le pays. Les entreprises chinoises sont également très endettées, ce qu’il convient de surveiller. Ce niveau d’endettement élevé est lié au secteur de l’immobilier et à d’autres secteurs qui se trouvent désormais en situation de surcapacité. Ceci signifie que le secteur financier et le secteur bancaire pourraient être touchés. La Banque centrale chinoise tente de contrer ce risque en vendant ses réserves de devises étrangères. Néanmoins, si cette vente se poursuit à une grande échelle le risque pourrait également se poser pour les marchés des pays développés. Les banques centrales, grâce à l’assouplissement quantitatif, peuvent contrôler et protéger certains pays de cet impact. En fait, la Banque centrale européenne (BCE) joue ce rôle pour éviter une onde de choc négative sur les taux d’intérêt qui pourrait nuire à la reprise économique actuelle dans la zone euro.

Tensions géopolitiques croissantes
 
Nous nous trouvions dans une sorte de « mondialisation heureuse » de 2000 à 2010. Ceci n’est plus le cas, car les perspectives de croissance s’évanouissent dans de nombreux pays et régions. Avec un faible taux de croissance de PIB et un taux de chômage élevé, le risque d’instabilité devient plus important pour les États, tout particulièrement dans certains pays émergents dans lesquels les institutions démocratiques ne sont pas aussi solides et matures.
 
Le flux de migrants, tout particulièrement en Europe, est une situation beaucoup plus compliquée que ce que nous avions imaginé il y a quelques mois et pourrait se traduire par une prise de positions radicales de la part de certains États. Certains ont déjà commencé à le faire en construisant des murs aux frontières de différents pays de l’Union européenne. Par ailleurs, les attaques terroristes comme celles que Paris a vécues le 13 novembre peuvent engendrer une incertitude politique et un risque pour la cohésion de l’Union européenne.
 
2016 est également l’année de l’élection présidentielle aux États-Unis. L’économie américaine n’est pas aussi forte que par le passé et doit être attentive à la faiblesse du reste du monde (comme la présidente de la Fed Chair, Janet Yellen, l’a déclaré au mois de septembre) – quelle sera la stratégie des candidats à l’élection présidentielle s’agissant des relations politiques et économiques avec le reste du monde ?
 
Momentum dans la zone euro Un nouveau momentum est anticipé en 2016 dans la zone euro. Cette amélioration économique, ne serait-ce que modérée, pourrait encourager la croissance mondiale. Si c’est le cas, les pays émergents pour lesquels l’Europe représente de grands débouchés bénéficieraient de cette situation. Naturellement, la croissance peut toujours être plus faible que prévu à cause des risques géopolitiques que nous avons mentionnés.
 
 La croissance de l’économie, les inégalités, la résolution des problèmes à Washington constituent des éléments de pression importants dans la politique américaine. Je pense que les électeurs se concentreront finalement sur ces trois éléments lorsqu’ils devront se faire une opinion après avoir écouté les grands discours, assisté aux mises en scène théâtrales des débats et prendre une décision pour l’élection présidentielle américaine de 2016.

Résoudre le problème des inégalités et soutenir l’économie
 
Un sondage Gallup* du printemps dernier et plusieurs autres indicateurs publiés depuis lors ont confirmé ce qui s’est toujours avéré exact par le passé, à la fois dans les élections présidentielles et les élections de mi-mandat aux États-Unis : les Américains votent au final pour protéger leur propre portefeuille et pour le bien-être économique de la nation.
 
Cependant, l’économie doit être replacée au centre des débats dans cette élection présidentielle, mais ceci changera certainement, car à peine 25 % des Américains pensent que l’économie s’améliorera l’année prochaine, selon un sondage réalisé l’été dernier et publié par le Wall Street Journal/NBC News**.
 
Au fur et à mesure que le choix des candidats va s’affiner et que leur attention va se porter sur les primaires dans les États de l’Iowa et du New Hampshire, les discussions sur un certain nombre de problèmes risquent d’être mises davantage en avant, comme les inégalités, les taux d’intérêt, la dette nationale et la façon d’utiliser la politique américaine pour protéger le marché de la volatilité mondiale.
 
Près de 90 % des personnes interrogées par Gallup* au mois de mai ont déclaré que l’économie jouera un rôle important dans leur vote au mois de novembre prochain. De plus, la politique de santé et son impact sur les ménages ont été cités par plus de trois quarts des personnes interrogées, alors qu’un peu moins des trois quarts de ces personnes ont déclaré que la distribution des richesses était un problème important.
 
Certes, il s’agit d’un refrain que l’on connaît bien, mais que les décideurs américains vont devoir aborder correctement. La classe moyenne aux États-Unis est étouffée par un ensemble de facteurs : stagnation des revenus, augmentation du prix des logements, explosion des frais universitaires. Elle doit également relever un défi de taille : économiser en vue de la retraite.
Les politiques intérieures ont des implications au-delà des frontières américaines
 
Comment Washington fonctionne – ou pas – est une question qui risque aussi d’être soulevée dans le cadre de l’élection de 2016. Les dysfonctionnements et les impasses du Capitole ont atteint des niveaux sans précédent. Le mécontentement des électeurs par rapport au statu quo actuel est reflété dans la montée de « nouveaux » candidats à l’élection présidentielle. Même les politiques au sein des partis sont devenues un obstacle à l’évolution ou au progrès : le républicain du Wisconsin Paul Ryan, qui est devenu porte-parole malgré lui à la Chambre des représentants en constitue l’exemple le plus spectaculaire.
La politique intérieure a des impacts majeurs sur la position de notre nation dans l’économie mondiale. Le fait que les politiques soient incapables de réaliser une réforme en profondeur de la politique de l’immigration pénalise les entreprises américaines sur le marché mondial concurrentiel du recrutement de talents. Nous souffrons également d’un manque d’investissement dans nos infrastructures, ce qui n’est pas logique dans une période caractérisée par des taux d’intérêt faibles. Ceci entraîne la détérioration de l’environnement économique et fera peser ces dépenses sur les générations futures.
 Après la conférence sur le changement climatique (COP 21) qui s’est tenue à Paris début décembre, je pense qu’un des défis que devront relever les investisseurs de titres durables en 2016 sera d’intégrer les accords dans leurs portefeuilles. Les obligations vertes, les infrastructures vertes et certaines actions cotées offrent la possibilité de contribuer de manière substantielle à un modèle économique fondé sur des émissions de CO2 plus faibles et de réduire l’empreinte carbone de certains portefeuilles d’investissement.
Trouver de bons rendements dans une économie à faible taux de croissance
Le problème auquel tous les investisseurs doivent faire face, et pas seulement les investisseurs dits « responsables » est de trouver de bons rendements dans ce qui pourrait devenir un environnement à long terme caractérisé par un faible taux de croissance. Des investissements dans certaines solutions, pour résoudre quelques problèmes majeurs de la planète, pourraient incarner la clé de solides performances. Des solutions techniques visant à résoudre des problèmes de fuite des réseaux d’eau, à réduire les déchets alimentaires, à améliorer l’éducation et l’accès à des services de santé de base constituent quelques exemples de nouvelles priorités pour les années à venir.
 
Adapter les horizons d’investissement
 
L’ adaptation des horizons d’investissement à taux de croissance faible constituera également une partie du défi à relever. Il ne s’agit pas seulement de trouver les bonnes opportunités d’investissement, mais également de réduire le risque de sousperformance à long terme. Nous sommes persuadés que la lutte contre le changement climatique et les avancées technologiques feront évoluer le monde vers un modèle économique à plus faibles émissions de carbone. Enfin, les énergies renouvelables et les technologies de stockage d’énergie pourraient remplacer le charbon et le pétrole comme source principale d’énergie. À cet égard, le débat actuel sur le désengagement vis-à-vis des énergies fossiles est très intéressant. Dans un contexte de chute de prix du pétrole en 2015, le débat n’est plus purement éthique, mais devient un débat financier et cette tendance devrait, à notre avis, se poursuivre en 2016.
 
Rebond dans le secteur de l’agriculture
 
L’ agriculture a souffert en 2015 après de très bons rendements les années précédentes. Je pense que les problèmes qui ont ralenti ce secteur en 2015, comme la surcapacité de la chaîne d’approvisionnement et la baisse des prix des matières premières agricoles (café, cacao, maïs, sucre, blé, etc.) sont davantage sous contrôle. Les valorisations actuelles pourraient se traduire par une bonne surprise en 2016. En effet, certains facteurs de croissance à long terme, comme l’augmentation de la population, les modifications d’habitudes alimentaires induites par la progression des classes moyennes dans les pays émergents et le manque de terres arables constituent autant d’éléments qui peuvent être bénéfiques pour ce secteur.
 

(source OPCVM360)