23 Juin

Quelle croissance en 2015 ?

D’abord, parce que l’activité de la zone euro a conservé son rythme de croissance de fin d’année, accélérant un peu plus vivement qu’attendu en France, en Espagne et en Italie, et ce malgré un infléchissement en Allemagne. Ensuite, parce que les fondamentaux de la croissance des pays avancés semblent maintenant plus solides, comme l’atteste la bonne orientation du climat des affaires ; de ce fait, les économies anglo-saxonnes rebondiraient au deuxième trimestre. Enfin, parce que le commerce mondial se redresserait dès le printemps. Seul le ralentissement persistant des économies émergentes, notamment en Chine, au Brésil et en Russie, assombrit le tableau globalement dégagé des perspectives de croissance. Ainsi, même si des rebonds récents ont corrigé la forte dépréciation de l’euro et la baisse du prix du pétrole, leurs cours respectifs restent mi-2015 largement inférieurs à leurs niveaux de mi-2014. Les baisses passées continuent donc de se diffuser dans les économies de la zone euro, via une accélération du pouvoir d’achat et de la consommation des ménages d’une part, un surcroît d’exportations d’autre part. Dans ce contexte globalement porteur, l’économie française a été dynamique au premier trimestre (+0,6 %), même si la hausse résulte pour partie d’éléments ponctuels  : un  rebond de la production d’énergie, par simple retour à la normale des dépenses de chauffage, et une hausse exceptionnelle de la production manufacturière. Au deuxième trimestre, ces facteurs s’estomperaient et l’activité ralentirait. Mais le rythme de croissance du PIB resterait plus élevé (+0,3 %) qu’en moyenne depuis le printemps 2011 (+0,1 % par trimestre). Tout en ralentissant, la consommation des ménages serait de nouveau le principal facteur de cette hausse, soutenue par les hausses récentes de pouvoir d’achat. Au second semestre, les dépenses des entreprises accéléreraient à leur tour. Les perspectives de demande sont en hausse, comme l’indique l’amélioration du climat des affaires dans quasiment tous les secteurs. Les conditions de financement internes s’améliorent avec la hausse de leur taux de marge, grâce à la baisse du cours du pétrole, à la montée en charge du CICE et au démarrage du Pacte de responsabilité. De plus, en menant une politique monétaire très accommodante, la Banque centrale européenne facilite l’accès au crédit. En conséquence, les chefs d’entreprises se déclarent nettement plus enclins qu’en début d’année à hausser le rythme de leurs dépenses d’investissement, dans l’industrie comme à présent dans les services. En revanche, l’investissement des ménages en logements ne serait toujours pas sorti de l’ornière, et continuerait de peser sur la croissance. Au total, la hausse du PIB se maintiendrait à +0,3 % au troisième trimestre, puis s’élèverait un peu en fin d’année (+0,4 %). Ainsi, au quatrième trimestre 2015, le PIB augmenterait de 1,6 % par rapport à son niveau de fin 2014. En moyenne sur l’année, la croissance serait de +1,2 % (après +0,2 % en 2014), soit la plus forte hausse depuis 2011.
L’accélération de l’activité et les politiques d’enrichissement de la croissance en emplois stimuleraient l’emploi, qui serait fin 2015 rehaussé de 114 000 postes par rapport à fin 2014. La hausse au second semestre permettrait même une stabilisation du chômage en France, à 10,4 % de la population active en fin d’année, voire une baisse si la population active est de nouveau moindre que prévu.
Le principal aléa de ce scénario porte sur les dépenses des entreprises pour lesquelles une nette accélération est attendue au second semestre : si l’utilisation des capacités de production ne s’intensifie pas, ce scénario sera invalidé ; à l’inverse, le mécanisme de suramortissement récemment mis en place pourrait inciter plus encore que prévu les entrepreneurs à anticiper leurs décisions d’achats. Des incertitudes portent par ailleurs sur l’environnement international : d’une part, le ralentissement des économies émergentes pourrait à nouveau surprendre ; d’autre part, le scénario retenu suppose qu’un accord entre la Grèce et ses créditeurs permettra de préserver la stabilité de l’Union monétaire mais, dans le cas contraire, les perspectives des économies de la zone euro seraient plus sombres.
(source Insee)